Mardi 16 août 2011

Lever à 23h30 après avoir vaguement somnolé. Chacun range sa tente. Seul le balai des frontales troue la nuit fraîche mais pas glaciale.

Départ pour l'ultime journée, celle qui doit nous mener au sommet. Nous sommes tous bien équipés : toute les couches possibles, les grosses chaussures, double paire de gants.
Aujourd'hui, c'est Zebeda ou " tonton Edouard " qui prend la direction des opérations. Fin stratège, il transfrormera le "polé, polé" en un rythme un peu plus soutenu afin que spontanément deux groupes se créent. L'un constitué de la famille moins Louis et de Denys avec deux porteurs, l'autre avec tous les autres, les trois guides et un porteur.
L'ascension se déroule sans encombre jusqu'à 5200m, soit environ deux heures de marche dans un terrain en pente régulière et douce. Le froid se fait quand même ressentir. Il ne fait pas bon sortir les mains des gants pour boire. D'ailleurs l'eau dans les camel bag a gelé.
A partir de 5200m alors que l'on rejoint l'itinéraire de la voie Marangu, Philippe commence à ne pas bien se sentir : nausées, fatigue intense, froid. A chaque arrêt, Anne-Marie le force à boire et à manger quelques bouchées d'une barre de céréales.
Puis, le porteur qui est avec nous lui prend son sac et marche devant lui à son rythme. Anne-Marie se colle derrière. Zebeda surveille de loin. Dès que l'on ralentit un peu trop, il fait ralentir la tête.
On aperçoit devant nous les lumières des frontales des autres groupes. C'est un peu démoralisant car de nuit, on ne se rend absolument pas compte d'où on en est dans la progression. A chaque pause, nous rattrapons la tête mais c'est dur. Philippe a extrêmement mal aux mains à cause du froid. Anne-Marie tache de le motiver en disant que le jour va bientôt se lever et que le soleil réchauffera l'atmosphère. Ghislaine est proche de nous. Un des porteurs lui a pris aussi son sac. Elle marche tranquillement. De temps en temps Anne-Marie rattrape Philippe qui se prend les pieds sur les pierres du chemin. Lors d'une pause, Ghislaine a demandé l'altitude à Philippe qui était la référence ces jours derniers. Elle n'a obtenu comme réponse que là, il ne donnait plus l'altitude. Heureusement que Ghislaine est adorable et d'une spontanéité à toute épreuve. Elle n'a pas senti d'agression dans la réponse sauf une réelle incapacité à le faire.
Et puis, tout à coup, un peu plus haut, on entend des cris. Ceux-ci semblent être de victoire. Les premières lueurs du jour sont perceptibles. Pourtant, nous ne sommes certainement pas à 5900m. 10 minutes après, avoir passé quelques blocs, Zebeda nous prend dans les bras et nous félicite. Nous sommes arrivés à Gilman's point, le bord du cratère du Kibo à 5681m. Il est 6h. Les congratulations sont donc d'usage. Bien entendu, nous ne reconnaissons pas le sommet car celui-ci est au bout de la crête.

Philippe n'en peut plus. Il a tellement mal aux mains. Il ne les sent plus. Anne-Marie et Zebeda les lui chauffent. Puis, Ghislaine de dos et le porteur s'y mettent à leur tour. Il grimace de douleur. Au bout de 10 minutes, il tente de manger une barre de céréales et de boire.
Pendant que nous admirons le glacier devant nous dans les premières lueurs du jour, Zebeda lui demande ce qu'il compte faire.

Le sommet est à 200m de dénivelé d'ici mais à 2 heures de marche, là-bas, en face. Philippe décide d'abandonner. Il a trop froid. Il est trop mal. Deux heures, c'est trop long. Il va redescendre avec le porteur. Anne-Marie dit alors qu'elle aussi redescend. Philippe lui répond qu'il faut qu'elle aille au sommet pour eux deux. Ce à quoi elle réplique qu'il en est hors de question : soit on le fait tous les deux, soit on redescend tous les deux.
Tout à coup, alors, qu'ils prenaient la direction du retour, Philippe se retourne et dit : ok, on y va. Il prend le chemin, se retourne, le porteur est là et le suit. Anne-Marie finit de se rééquiper et arrive.

Au zoom, le sommet à gauche de l'extrémité de la crête.
De l'autre côté le Mawenzi brille dans le soleil levant.
Nous passons Stella point à 5740m d'altitude, débouché de la voie Machame ou normale. Un certain nombre de personnes se sentent mal. Il y a du monde à cet endroit.
Puis à gauche, nous découvrons ces magnifiques glaciers posés sur la cendre qui font la réputation de Kilimandjaro. Une féérie.

De l'autre côté sur la gauche, à l'autre bout du cratère, un autre énorme glacier. Au milieu du cratère, des morceaux de plus de 10m de haut posés délicatement sur la glace.
En face, au zoom, on voit cette épaisseur de glace maculée.
Philippe va mieux. Avec le soleil, le chemin très facile, il a repris du tonus. Il pose avec son porteur. S'étant aperçu que ce dernier n'avait rien à manger, nous lui donnons une barre de céréale.

Devant le glacier posé sous le sommet.

Anne-Marie, en forme, est tellement contente d'être là.

La dernière ligne droite : au fond, on aperçoit le panneau.

L'équipe, au sommet à 8h, sous ce panneau précieux. Zebeda, Alice, Annie, Anne-Marie,Philippe, le porteur, Louis le premier, guide, Annick, Benoit, guide, Ghislaine sur un petit nuage.
L'immense joie d'être là. Un sentiment de plénitude.
Philippe avec Zebeda et le porteur.

Le sommet vierge.

On a tellement de chance au niveau du temps : grand ciel bleu, pas de vent. Aussi, nous pouvons nous permettre de rester une demi-heure à savourer notre ascension. Philippe arrive à retirer les mains des gants. nous mangeons un peu.

Puis, nous reprenons doucement le même chemin. Le glacier parait former un escalier. Il n'est pas crevassé. Au loin, c'est la brume. On ne voit rien des plaines alentour, ou du lac Victoria ou de la mer.

Retour à Gilman's point.

Dernières vues du cratère : au nord-est,
à l'ouest avec Uhuru Peak.

Descente dans les caillasses. Les genoux souffrent.
Descente tout droit dans la cendre.

En dessous, Kibo hut, le camp où l'on nous attend pour le déjeuner.
Les derniers ressauts de la partie raide de la descente.
Le cuisinier est venu à notre rencontre nous apporter du jus d'orange : Kibo's champagne.
On trinque tous à la réussite de l'équipe.

La tente est installée pour le repas.

Le cuisinier enlève les guêtres de Philippe.

Il fait le tour afin que chacun se rince les mains à l'eau chaude.
La vaste plaine entre le Kibo et le Mawenzi.
Le groupe polé, polé.

Retour à la végétation. Les seneçons.

Voici le camp d'Horombo hut, où l'on va passer la nuit à 3720 m.
Coucher de soleil sur le camp et après cette longue journée de marche : 14h.
Le Mawenzi dans les derniers rayons.

Dernière nuit sous la tente.